Charlie Hebdo : pourquoi des dessinateurs de presse ont-ils été assassinés ?
Ce mercredi 7 janvier est un jour noir pour la presse et la démocratie françaises. Deux hommes ont attaqué les locaux du journal satirique Charlie Hebdo avant de prendre la fuite. À l’heure où j’écris ces lignes le bilan est de 12 morts, une vingtaine de personnes sont blessées dont certaines très grièvement. Parmi les victimes de cette attaque terroriste, deux policiers, quatre dessinateurs (Charb, Cabu, Tignous et Wolinsky) et le journaliste Bernard Maris. Même si cela est difficilement imaginable, des hommes sont morts pour des dessins en France.
Comprendre : quelques éléments d’explication
Charlie Hebdo est un journal satirique où travaillent des caricaturistes.
C’est quoi un journal satirique ?
La presse satirique utilise la satire comme moyen d’expression et d’information. C’est souvent par le biais des dessins et des caricatures qu’un journal satirique tourne en ridicule quelqu’un ou quelque chose.
Que fait un caricaturiste ?
Le but du dessinateur de presse est passionnant : avec un angle de vue et un trait d’humour, il faut commenter le plus simplement du monde une actualité parfois complexe. Pour l’Iranienne Firoozeh Mozaffari, « un caricaturiste est un journaliste qui sait dessiner ». Un caricaturiste, c’est aussi quelqu’un qui provoque puisque ses dessins dérangent. Comme le montre le film « Caricaturistes, les fantassins de la démocratie », les dessinateurs de presse « défendent la démocratie en s’amusant, avec, comme seule arme, un crayon, au risque de leurs vies. »
L’affaire des caricatures de Mahomet : 2006
« Qui sont les auteurs du terrible attentat commis, mercredi, contre Charlie Hebdo ? Les autorités restent prudentes. Depuis février 2006 cependant et la première affaire des caricatures de Mahomet, Charlie Hebdo a été à plusieurs reprises la cible de menaces et mis sous protection policière. À l’époque, le journal satirique avait reproduit des caricatures du prophète parues initialement dans le journal danois Jyllands-Posten, et qui avaient valu à leur auteur des menaces de mort. Charlie Hebdo les accompagnait d’un dessin de Cabu montrant Mahomet, la tête entre les mains et disant : « C’est dur d’être aimé par des cons…«
‘Charia Hebdo’ : 2011
« Le 31 octobre 2011, deux jours avant la publication de l’hebdomadaire, la presse diffuse la une à venir. Charlie prévoit un numéro spécial « Charia Hebdo, Mahomet rédacteur en chef » après l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahda en Tunisie. Dans la nuit du 1er au 2 octobre, les locaux du journal, alors situés dans le 20e arrondissement de Paris, sont incendiés. Charb, directeur de la publication, Riss, directeur de la rédaction, ainsi que le dessinateur Luz, auteur de la caricature de une, sont placés sous protection.«
Une réaction à l’attentat du 7 janvier 2015
Sur le site internet du Monde, la réaction du politologue Jean-Yves Camus, proche de la rédaction de Charlie Hebdo
« Tous les gens que je connaissais sont morts, ce que je peux vous dire, c’est qu’on a jamais vu, dans l’histoire de notre pays, un organe de presse être méthodiquement décimé selon un mode opératoire militaire. Aucun journal n’a été ainsi attaqué, car il y a un principe qui est celui de la liberté de la presse, qui était respecté jusqu’à présent. C’est un stade de l’escalade inimaginable. Les gens qui travaillaient à Charlie Hebdo n’ont aucun sentiment de haine envers qui que ce soit, surtout pas envers les musulmans. Ils sont dans la critique des religions. Ceux qui ont commis ces attentats n’ont rien compris. On est dans la haine absolue, la négation absolue de la pensée. En France, on a depuis trois siècles une presse qui a contribué à faire tomber bien des pouvoirs, la presse est libre et les Français y sont attachés, si les auteurs pensent qu’ils pourront faire tomber ainsi la liberté de la presse, ils se trompent. La première victime de l’idéologie islamiste radicale, comme le disait Charlie, ce sont les musulmans. «
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